Je viens de finir
Nightbitch de Rachel Yoder, sur une maman au foyer qui élève son enfant de deux ans seule la plupart du temps car son mari est en déplacement pro du lundi au vendredi. Petit à petit elle a l'impression qu'elle est en train de se transformer en chien.
Si je n'étais pas déjà childfree avant, ou s'il me restait le moindre doute, ce livre me confirme que c'est pas pour moi. La monotonie des jeux, la routine des journées qui semblent interminables, le coucher qui est un cauchemar toutes les nuits sans exception... Clairement la madame est en dépression post-partum et son mari est tellement inutile qu'à sa place je lui dirais de rester à l'hôtel le week-end aussi, c'est encore plus de travail quand il est là.
Je trouve qu'avec ses 200 pages, le livre était quand même un peu long et répétitif ; une novella d'une centaine de pages aurait largement suffi. J'ai aimé la descente dans la folie de la mère qui retrouve un état primitif, instinctif et pur, qui laisse tomber les barrières, ce qui fait en sorte qu'elle s'amuse beaucoup plus avec son enfant et passe de vrais moments de joie. J'ai moins aimé certaines choses un peu illogiques, là pour le shock-value. Et j'ai détesté la fin que j'ai trouvé artificielle, forcée, un peu Disney même "nieunieunieu tout est bien qui finit bien".
J'ai aussi lu
The Raw Shark Texts de Steven Hall. J'ai bien aimé le concept en soi qui m'a, sous certains aspects, rappelé Vita Nostra de Marina et Serguei Diatchenko, que j'ai lu en 2022 et qui s'est sans aucun effort hissé directement dans le top 5 de mes livres préférés de toute ma vie. Les mots en tant que concepts, les personnages en tant qu'êtres faits de mots, de souvenirs, d'idées. J'adore les livres qui jouent avec la linguistique.
On suit Eric Sanderson, qu'on retrouve dans le premier chapitre en train de lutter pour sa vie avant de se réveiller, suppose-t-il, chez lui, sans aucun souvenir de qui il est ni comment il est arrivé là. Si le trope de l'amnésique qui doit retrouver la mémoire a été usé jusqu'à la corde, ici, on lui pardonnera car cela donne lieu à une histoire complètement loufoque et barrée. Eric se rend rapidement compte que le Ludovician, un requin conceptuel qui chasse, attaque, et dévore les souvenirs des gens une fois infiltré dans leur tête à la manière d'un virus, l'a pris en charge ; mais pourquoi, et comment s'en débarrasser ? Le roman m'a fait penser à beaucoup d'autres oeuvres de fiction : Eternal sunshine of the spotless mind, Memento, Neverwhere de Neil Gayman et bien évidemment Les dents de la mer, voire même un peu de La grammaire est une chanson douce. Et bien évidemment aussi, le jeu sur la forme ne peut que rappeler La Maison des Feuilles puisque c'est devenu LA référence dans le domaine même si c'est pas le seul et même si c'est différent ici.
J'ai beaucoup aimé le jeu sur la forme du roman en soi, j'aime beaucoup les livres ergodiques, ça marche toujours je suis un public facile pour ça que voulez-vous. Par exemple, le Ludovician :
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Par contre, j'ai trouvé que c'était beaucoup de mots et de concepts pour une histoire assez bof-bof. Le personnage féminin central est désagréable, impolie et "not like the other girls" à tel point qu'il m'a fallu du temps avant de réaliser qu'on était censé s'attacher à elle et qu'elle était supposée être une "cool girl" comme imaginée et rêvée par certains hommes. A certains moments ça devenait tellement difficile de suivre les circuits, les loops et les bidules-trucs-muches que mon cerveau n'a même pas pris la peine de retenir et a juste classés comme bidules-trucs-muches

Ce livre aussi était trop long, la première partie était vraiment bien, la deuxième était lente et trooooop longue, la troisième était OK, la fin trop n'importe quoi.