ECM féministe

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kaliémis

C'est intéressant de vous lire.
J'ai eu beaucoup d'avis contradictoires dans ma tête concernant les signes religieux, le voile mais pas que...
Je suis d'avis de ficher la paix aux femmes dans leur ensemble.
Et tout système patriarcal de domination des femmes me semble à combattre. Je suis contre l'interdiction du voile, que je trouve pas efficace pour lutter contre l'oppression des femmes, que je trouve contre-productif, et que je trouve plus généralement raciste.

Là où je me pose des questions, c'est quand on parle de liberté, de libre arbitre, de choix éclairé. C'est un débat philosophique sans solution. Quelle est la part d'endoctrinement, de déterminisme ? Cela vaut pour la religion, mais aussi pour plein de domaines. Quand on fait un choix, on le fait avec notre vécu, notre rencontre, notre culture, notre éducation, notre société. Chaque choix, qu'il soit quotidien, religieux, politique, que l'on fait est issu de ce qui nous a constitué. Par exemple je vote à gauche, et que je mets mon bulletin dans l'urne, je le fais en me pensant une femme libre et intelligente, et cela me semble la meilleure voie possible. Mais c'est parce que j'ai eu des parents de gauche, un entourage de gauche, que j'ai gravité dans des milieux très à gauche. Quelque part, tout a été conditionné pour que je fasse ce "choix" là. La religion, c'est quelque chose de façonné dès l'enfance, homme comme femme, lorsque l'on pratique, c'est qu'on a été "éveillé" (ou endormi selon le point de vue), pétri des idées de la religion, auxquelles on adhère finalement ou non, et qui ont façonné l'enfance, l'adolescence etc... Finalement, quelle est la place du choix ?

C'est un point de vue, je ne dis pas que c'est forcément le mien, j'ai découvert Sartre et l'existentialisme à l'adolescence, qui remet de libre arbitre au coeur de l'existence humaine et permet de remettre la valeur du choix au centre de la vie.

Je m'interroge toujours sur ce ratio déterminisme/liberté, et concernant les religions, il y a un effet de conditionnement, de déterminisme qui me laisse toujours un doute sur le fait que ce ne soient pas des choix ex-nihilo.

Je reste persuadée que les religions, toutes les religions, sont oppressives pour tous, surtout pour les femmes. Est-ce pour autant une solution d'empêcher le culte, de cacher la religion ? Non, malgré ma conviction que c'est un système de domination systémique, je suis pour que chacun puisse vivre son culte sans conflit, sans honte, sans peur. Je respecte toutes les confessions, même si dans chaque religion il y a des choses qui me hérissent et me font froid dans le dos. Combattre uniquement des signes religieux dans tout espace, c'est aller dans la réduction des libertés de chacun, entretenir une opposition et une haine qui finalement ne s'attaque pas au fond des choses, et réduit le respect des personnes. Je suis ok avec l'idée de ne pas brandir sa religion, d'éviter le prosélytisme surtout dans les lieux d'educations laïcs (qui n'est pas un combat contre les religions, mais une possibilité de chacun de se sentir non jugé et libre de pratiquer en dehors). Cependant le débat sur le voile français est une grosse façon hypocrite de stigmatiser l'Islam et de rejeter socialement les femmes musulmanes. Et ça c'est pas possible. Fichons la paix aux femmes.
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Aesma
Pronoms : Elle

J'ai mis du temps à rattraper la conversation parce que je vous avoue que ça me saoule énormément que ce sujet revienne régulièrement et que la dernière fois que j'ai abordé le voile en parlant du vécu de mes élèves s'en ai suivi des propos extrêmement intolérants et islamophobes de certaines personnes.

Je suis excessivement choquée de lire que les personnes qui portent un voile où une kippa "vous jettent leur religion à la figure" vraiment on a le même genre de discours sur les couples gays ou lesbiens qui s'embrassent dans la rue, faudrait faire ça chez elleux pour pas afficher leur ""déviance"" comme ça en public et donner un mauvaise exemple aux enfants. 

Vous voulez un truc patriarcal que des parents imposent à leurs très jeunes filles ? Parlons perçage des oreilles avec des parents qui l'impose à des nourrissons parce qu'il ne faudrait surtout pas qu'on puisse croire que leur bébé est un garçon (parfois aussi pour d'autres raisons + ou - liés à des traditions culturelles/familiales etc). Moi ça me rend dingue parce que pour le coup il y a des risques sanitaires un peu + important.

Pour autant si j'avais un enfant, même très jeune, qui me tanne pour se faire percer les oreilles ben je dirais probablement oui, avec des garde-fous que j'aurais imposé (délai de réflexion, règles d'hygiène etc) même si dans ma tête ce serait mieux d'attendre un certain âge etc etc. Sachant que j'ai été cette gamine qui voulait se faire percer les oreilles très jeune. Pour les PIRES raisons du monde : pare que c'est un truc de fille, que je veux pouvoir piquer les BO de ma mère qui sont trop jolies, parce que toutes mes copines avaient les oreilles percées et que je voulais partager ça aussi. Et face à ça j'avais un non catégorique de mon père qui me soutenait que c'était une mutilation horrible et que je ferais ce que je voudrais quand je serais majeure. Résultat ? J'ai jamais rien voulu autant que de me faire percer les oreilles et je l'ai fait 6 mois en avance juste après avoir obtenu mon bac en ayant l'impression d'être la + grande des rebelles, d'être super adulte, m'autodéterminer. 15 ans après je déteste mes oreilles percées, ça me saoule, ça me tire, les trous sont pas droits, ils sont à moitié refermés (donc pas assez pour y mettre une BO quand une fois tous les 36 de mois je veux en mettre mais pas assez non plus pour disparaitre complètement)

Bref j'ai une histoire compliquée avec ça et je vais en garder une trace toute ma vie. Là, vous parlez de voile. Le jour où elles voudront l'enlever, elles l’enlèveront. Pareil pour les kippas. C'est totalement réversible. Y a pas de risque d'infection. Le SEUL risque à porter ces couvre-chefs c'est : d'être victime d'agression raciste, antisémite, islamophobe. Je vais refaire le lien avec les LGBTQ+ mais tous les films/séries nous disent que refouler son identité pour pas se faire casser la gueule c'est un peu de la merde. Et en attendant le fait de continuer à parler du voile encore et encore sert juste à stigmatiser ces personnes (c'est pas elles qui s'autostigmatisent c'est les personnes qui parlent d'elles, vraiment pareil ça me rend folle de rage), leur mettre une cible dans le dos, les exclure de certains espaces, métiers. Elles ont pas le droit se baigner en burkini, de faire du sport en hijab, d'aller au lycée, en sortie scolaire peut-être même bientôt à la fac ou dans l'espace public ? On veut libérer des meufs en leur disant que si elles portent un bout de tissu et refusent de l'enlever elles ne pourraient pas faire certaines choses qui sont pourtant vu comme émancipatrice par notre bonne société. 

Déjà on veut libérer des meufs en leur disant ce qu'elles devraient faire.
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Xixili

J'ai lu la discussion qui m'a beaucoup intéressé. Je ne rebondis pas dessus car je n'ai pas grand chose de nouveau à apporter.

Je ne sais pas si je suis sur le bon topic car c'est un événement passé mais j'avais envie de partager cette découverte : page wiki
90% des Islandaises ont fait une grève en 1975 pour que les hommes réalisent le travail qu'elles fournissent. Les hommes ont donc dû mettre la main à la pâte et réaliser ce qu'elles font quotidiennement.
(La pénurie de saucisse car beaucoup d'hommes en ont donné à manger à leurs enfants :yawn: )
Merci de ne pas me citer   :happy:
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Meeteetse
Bébétincelle
Bébétincelle

Après du coup on peut déplacer ce questionnement, plutôt que sur les traditions et sur la religion, sur le fait qu'on laisse globalement peu de place aux enfants, dans leur éducation en famille ou à l'école, pour questionner les choix des adultes, exprimer des questionnements, des désaccords, etc.
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"Y'a pas marqué Saint Bernard sur ma fiche de poste" (Dre FàL, La machine à café du labo, Ed. du Terrier, 2023, p. 241)
 
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Juliette Drouet

Je viens également de rattraper ce débat, et comme d'autres, je vous remercie pour la richesse et la qualité des débats : ça donne vraiment à penser en dehors des opinions tranchées toutes faites qu'on entend partout.

Pour revenir au sujet initial, j'ai l'impression que le regard des féministes sur le voile et l'islam a énormément évolué depuis la fin des années 2000 (années où j'ai commencé à m'intéresser à ces questions là, et où je découvrais le féminisme sur madmoizelle). J'aimerais pouvoir retrouver les articles et débats de l'époque mais il me semble quand même que la vision d'alors était très "libérons ces pauvres femmes voilées oppressées par les hommes". Ce n'est plus du tout le cas aujourd'hui à cause de la question du racisme. Et s'il me semble important d'avoir conscience des biais racistes, il me paraît aussi essentiel d'être capable de réfléchir sans entrer dans une position rigide qui dessert plus qu'autre chose.

Pour ma part, je vois bien que c'est un sujet sur lequel j'oscille sans cesse, en fonction du contexte. Il me semble évident de défendre les femmes qui portent le voile mais impossible pour autant de défendre les religions, parce qu'elles sont LGBTphobes et que cela me rend malade. Bien sûr, les croyants ne sont pas tous homophobes. Mais ce qui m'intéresse c'est le système, pas ce que chaque individu en fait. Il me semble essentiel de pouvoir dénoncer cela.

La question importante, mais insoluble, c'est celle du choix. Dans quelle mesure une femme choisit-elle de porter le voile ? Si elle le porte parce qu'elle est née dans une famille musulmane, est-ce un choix ? Mais comme d'autres le soulevaient, choisit-on d'être de gauche ? Athée ? Rien n'est vraiment un choix, dans toutes nos pensées, croyances, etc. Et si ça n'est pas un choix, est-ce grave ?

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Je pourrais digresser longuement sur les interdits/contraintes liés aux religions ou sectes mais on s'éloignerait du sujet.

Pour revenir aux femmes et au poids de la religion sur leurs choix, je soulève une autre interrogation.
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Tout ça pour dire que cristalliser la question du choix des femmes musulmanes sur le seul voile me semble détourner l'attention d'autres sujets que certaines subissent en silence.
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Lysae
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Toutes mes excuses, j'ai dit des betises, encore une fois tout ça reste dans mon fort intérieur, je me permettrais jamais de dire quoique ce soit sur sa tenue à quiconque.

Je pense que j'ai un problème avec les religions en général : je comprends pas. J'ai l'impression que ça fait plus de mal à l'humanité que de bienfaits, et le prosélytisme ça me fait vriller (Je ne veut pas dire par la que la tenue des gens c'est du prosélytisme hein, je dis ça d'une manière générale)

Pour revenir sur la question du voile
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Je pense que le climat général s'arrange pas, les oppositions se cristallisent, et les extrêmes deviennent socialement acceptables, ce serait bien si le débat d'idée ne se traduisait pas par une augmentation des agressions dans la rue (mais qui fait ça, on leur a pas appris le respect :oo: ) bon, je suis peut-être entrain de devenir une vieille aigrie en mode "c'était mieux avant"...
Mon petit blog perso avec des dessins https://3tritons.wordpress.com/
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Zébule

@Juliette Drouet je suis entièrement d'accord avec toi, j'ai du mal à comprendre qu'on minimise la force d'endoctrinement et la violence du conformisme forcé qui est porté par la majorité des religions.

J'ai grandi avec une religion, j'ai été endoctrinée (pas par mes parents), on m'a fait me confesser à des hommes adultes, on m'a fait peur avec l'enfer, on m'a fait croire aux miracles etc.
Je ne vois pas en quoi ce n'est pas un système spécifique, pour moi ce n'est pas comparable à d'autres structures.

Bon après c'est peut être que justement, ce sujet m'intéresse beaucoup, j'ai regardé beaucoup de témoignages (femmes et personnes LGBT) sorties de communautés religieuses et qui ont été shunned.
J'ai aussi trop de souvenirs des discours tenus pendant lmpt.

Peut être que je me trompe mais pour moi la majorité ici sait très bien que la question du voile est instrumentalisée par les politiques de tout bord soit par racisme et volonté de division soit par volonté de diversion face à leurs manquements.
Mais ça n'enlève rien à la légitimité d'aborder le problème de l'endoctrinement religieux des enfants et de la violence (et d'autres problèmes) que ça peut générer.
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Roxie
Gardienne du trésor
Gardienne du trésor
Localisation : Je bouge beaucoup, alors partout !
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Je passe une tête à titre perso pour faire une suggestion de film à aller voir au ciné en ce moment. Ça s'appelle "la petite dernière". Je ne l'ai pas encore vu mais les retours que j'en ai vu étaient plutôt bon. Et ça parle justement d'une personne élevée dans la religion qui découvre sa sexualité en tant que lesbienne. Je pense que c'est intéressant à voir même en tant que non concerné·e, pour mieux comprendre l'expérience vécue par d'autres que nous, sur un sujet qui revient souvent mais est souvent porté par des non concernés.

Sinon, à titre de staff, sachez qu'on garde un œil sur ce qu'il se passe ici. Pour l'instant on trouve que les discussions sont bénéfiques, et que la charte est respectée. Si ça s'emporte n'oubliez pas le conseil de cooldown (laisser de côté et rédiger une réponse lorsqu'on est moins dans l'émotion primaire ressentie à la lecture).
On vous propose si la discussion reprend de passer sous spoiler pour indiquer qu'il s'agit de ce sujet. Afin de faciliter les choses aux personnes qui auraient envie de passer à autre chose.
Pour découvrir mon travail en tant que photographe/vidéaste, ça se passe sur mon site : duo-azul.com et pour me soutenir j'ai un ko-fi !
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Francesca
Bébétincelle
Bébétincelle

Le RN propose de faire des maisons closes ici  . 
J'ai hésité entre poster ici ou sur le topic politique mais comme il y a tout un sujet sur le capitalisme sexuel et le travail du sexe/ça n'est pas un travail mais de l'exploitation dans les cercles féministes, ça m'a paru mieux de le mettre ici.
Feminazghûl adepte du lancer de figues molles.
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Yennefer
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Je viens de voir passer ce post Insta : 52% des hommes pensent que la société s'acharne sur eux

"Une étude sur le masculinisme révèle que 52% des hommes trouvent qu'on s'acharne sur eux dans la société française.

Cette stigmatisation touche particulièrement la sphère publique, 58% considérant que les médias les caricaturent depuis hashtag Metoo.
Le phénomène s'étend aussi à la sphère intime, avec 53% des hommes de 16 à 59 ans qui pensent que les accusations de violences sexuelles sont souvent exagérées ou mensongères.

Ce sentiment victimaire est encore plus marqué chez les jeunes, atteignant 57% chez les 16-34 ans. Parmi les jeunes de 25 à 34 ans qui connaissent des influenceurs véhiculant des propos masculinistes, 1 sur 2 trouve que ces contenus disent enfin la vérité.

« opinionway pour le sidaction »"

On est pas sortis des ronces :facepalm: .
"Summer is the time for squabbles. In winter, we must protect one another, keep each other warm, share our strengths."
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Bernie

@Yennefer le reste de l’étude est tout aussi inquiétant voir plus puisqu’on se rend compte que la consommation de contenus masculinistes justifie des comportements à risque et violents comme le retrait du préservatif sans consentement et que ces contenus sont perçus comme une vérité https://www.instagram.com/p/DRtfneEjNPl ... U2MmozaA==
Et les contaminations par le VIH sont à la hausse chez les plus jeunes ...
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Aesma
Pronoms : Elle

Francesca a écrit : 09 déc. 2025, 14:09 Le RN propose de faire des maisons closes ici  . 
J'ai hésité entre poster ici ou sur le topic politique mais comme il y a tout un sujet sur le capitalisme sexuel et le travail du sexe/ça n'est pas un travail mais de l'exploitation dans les cercles féministes, ça m'a paru mieux de le mettre ici.

Je vous linke l'article de Frustration Magazine à ce sujet. Je suis très TRÈS surprise que ce soit le FN qui s'empare de cette revendication qui n'est pas si mauvaise, très déçue (mais pas surprise) que la gauche n'arrive pas à se pencher convenablement sur le sujet et surtout j'ai AUCUNE confiance dans le FN pour protéger les prostitué-es qui sont déjà très marginalisé-es et représentent tout ce que le FN s'applique à oppimer : des migrant-es, des queers, des handi-es, des personnes précaires.
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Haleyor
Pronoms : elle

intéressante cette enquête, on voit à quel point le rapport à la virilité des hommes est un facteur explicatif de leur vision des femmes (et d'eux même). Par ailleurs on voit que les hommes qui adhérent aux théories masculinistes sont plus enclins à avoir des comportements répréhensibles (si jamais on ne s'en doutait pas) :

                                                                                  ensemble des sondés                                             masculinistes

porter un préservatif avec un.e partenaire
qu’on ne reverra peut-être pas n’en vaut pas                       12%                                                                         36%
la peine

Vous comprenez qu'un homme puisse retirer
son préservatif sans avertir sa/son partenaire
en cours de relation sexuelle, si on le lui a                           11%                                                                          34%
imposé alors qu'il ne voulait pas

Bref, vous avez le ppt complet par ce lien si ça vous intéresse : https://www.opinion-way.com/wp-content/ ... e-2025.pdf
 
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Albert

En ce moment même sur LCP, un documentaire intéressant sur la montée du masculinisme. 
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Aesma
Pronoms : Elle

Aesma a écrit : 10 déc. 2025, 15:18 Je vous linke l'article de Frustration Magazine à ce sujet. Je suis très TRÈS surprise que ce soit le FN qui s'empare de cette revendication qui n'est pas si mauvaise, très déçue (mais pas surprise) que la gauche n'arrive pas à se pencher convenablement sur le sujet et surtout j'ai AUCUNE confiance dans le FN pour protéger les prostitué-es qui sont déjà très marginalisé-es et représentent tout ce que le FN s'applique à oppimer : des migrant-es, des queers, des handi-es, des personnes précaires.

Je reviens là-dessus avec ce podcast (3 épisodes de 20min) + cette vidéo

Dans le podcast on s'intéresse à la très récente décriminalisation en Belgique. Du point de vue des TDS, cette mesure n'a pas eu un impact immédiat et considérable sur leur vie, beaucoup ne souhaitent pas ou ne peuvent pas se déclarer, on aborde aussi la possibilité d'ouverture du salariat qui permet donc d'accéder aux droits des travailleureuses (RTT, congé maladie, cotisation pour la retraite, droits à l'assurance chômage etc etc) avec la garantie que les TDS peuvent refuser des client·es ou des pratiques (d'où l'importance de reconnaitre qu'il s'agit de travail du sexe là où une """masseuse""" n'ait pas en mesure de refuser un·e client·e). Y a un certain enthousiasme pour cette mesure chez les TDS vu que ça leur apporterait une certaine protection MAIS pour être salarié·e, il faut être régulariser et c'est probablement un point crucial pour le FN puisque ça exclut toutes les personnes sans papier. Côté asso on note que la décriminalisation permet avant tout la suppression des risques juridiques vu qu'il existait un tas de choses qui permettait d'incriminer les TDS (on a un exemple en France à la page 42 de ce rapport où malgré une politique "abolitionniste" et de pénalisation des clients, une TDS raconte qu'elle en a pour 1000€ de frais d'avocat pour sortir de rétention parce qu'elle se fait régulièrement arrêter par la police et a donc décidé de passer par un intermédiaire - donc un proxénète qui lui prend une part de sa thune - pour limiter ce risque). Cette asso note également de petites avancées, avec une réduction des annonces proposant des pratiques à risque, une augmentation des plaintes lorsque les clients se révèlent être des agresseurs et ne respectent pas le contrat pré-établi.

Sur le fait de se déclarer y a des gros espoirs sur les coopératives ça parle notamment d'une boite qui s'appelle SMART mais j'ai pas compris exactement comment ça fonctionnait :hesite:

Le gros espoir c'est que cette loi permette d'atténuer le stigmate de la prostitution, certaines personnes le disent, elles ont un peu moins peur depuis le passage de la loi et espère qu'à l'avenir elles ne subiront plus de discrimination à l'embauche, au logement etc du fait d'être ou avoir été prostituées. Mais aux Pays-Bas ça s'est aussi traduit par une augmentation du stigmate pour les personnes qui ne respectaient pas le cadre imposé. Inquiétude aussi sur le déplacement de la prostitution vers le web notamment du fait de la répression de politiques communales très hostiles qui ne veulent pas de ça chez elles. Les TDS de rue disparaissent ce qui a pour conséquence de les isoler, ielles peuvent moins facilement bénéficier de soutien par les pair·es, ielles sont moins facilement identifiables par les assos d’accompagnement.

Les assos abolos ont peur d'une augmentation des réseaux de traite, condamnent une légalisation du proxénétisme via ce statut salarié et regrettent une banalisation de la prostitution, que l'on rende normal d'arrondir ses fins de mois en tapinant et s'inquiètent pour les + jeunes qui sont de + en + nombreuxses à se prostituer. Un chercheur note que cette augmentation est principalement dûe à... la précarisation accrue des jeunes. (C'est pas la France à Macron mais l'inflation ça touche aussi la Belgique). On cite notamment l'exemple de la France avec la pénalisation des clients en 2016 qui a vu une augmentation de la précarisation, des IST, des violences etc pour s'opposer aux discours abolitionnistes et on note que de nombreuses associations (par exemple Amnesty International, Médecins du Monde ou le Planning Familial) prônent la décriminalisation de la prostitution pour mieux lutter contre les réseaux de traite.

Au niveau de l'UE on se dirige de + en + vers une généralisation du modèle abolitionniste suédois ce qui est déploré par les concerné·es, on s'attaque à la prostitution mais pas à la cause de la prostitution, pas à la précarité, pas à l'irrégularité, pas à la transphobie, au validisme de notre société. On leur dit d'arrêter le tapin sans leur offrir d'alternative viable et avec des "aides à la sortie" qui correspondent à la moitié du seuil de pauvreté. :goth:
 


Dans l'autre vidéo on aborde beaucoup beaucoup de choses.

Déjà dans les choses que je retiens : ce n'est pas la première fois que la droite propose un texte "en faveur" des TDS, il est porté par Philippe Juvon, député LR (et j'avoue ça me fait mal mais le texte en lui-même me parait plutôt très correct alors qu'il est co-signé par cette immense merde de Sébastien Chenu :non:), puisqu'il vise à modifier la définition de "proxénétisme" dans le droit français :
Le proxénétisme est le fait, par quiconque, de quelque manière que ce soit :
→ D'aider, d'assister ou de protéger la prostitution d'autrui ;
→ De tirer profit de la prostitution d'autrui, d'en partager les produits ou de recevoir des subsides d'une personne se livrant habituellement à la prostitution ;
→ D'embaucher, d'entraîner ou de détourner une personne en vue de la prostitution ou d'exercer sur elle une pression pour qu'elle se prostitue ou continue à le faire.
Le proxénétisme est puni de sept ans d'emprisonnement et de 150 000 euros d'amende.

Y a plein de subtilités ici avec plein d'autres articles
Et c'est en effet un vrai problème, souvent dénoncé par les concerné·es. Dans la loi française on ne fait pas de différence entre un mac et un·e pote. Tu peux être inculper pour proxénétisme si tu vis en coloc avec une pute, si tu vis en couple avec une pute, si tu loues un appart à une pute (et en tant que proprio tu peux virer une personne de son logement sans préavis si elle se prostitue), si en tant que jeune majeur·e ta mère est une pute et pourvoi à tes besoins, si une pute t'offre un cadeau, te prête ou te donne de l'argent. Et du coup l'inverse est vrai aussi : aider, assister la prostitution d'autrui, si tu prêtes ou donnes de l'argent à une pote pute tu es considéré·e comme proxénète aux yeux de la loi, si tu lui fournis des capotes aussi, les potes TDS qui donnent des conseils aussi, la personne qui fait tes back-up (que tu préviens et à laquelle tu donnes des infos quand tu as un RDV et qui s'assure que tu ailles bien), etc etc.

Donc là le texte viserait uniquement le 2e point et permettrait de ne plus inculper les "gentil·les" propriétaires qui louent des apparts à des personnes qui se prostituent parce que quand-même la peine est lourde donc ça fait chier. Assez scandalisée que le 1e point osef alors que les réseaux d'entraide sont assez capitaux dans ce milieu où les personnes sont ULTRA vulnérables mais en soi permettre aux TDS de pouvoir avoir un logement sans risquer d'être expulsé·e à tout moment, de pouvoir vivre en coloc, en couple, avec ses enfants majeur·es, prétendre à une banque ce serait déjà une mini avancée salutaire.

Bon je pense que comme d'hab' ça laisse toujours de côté les sans pap' (d'ailleurs cette proposition de loi a un an, et je me souviens pas que les gens en aient parlé, il semble actuellement au point mort)

PENDANT CE TEMPS, Laurence Rossignol veut à l'inverse étendre la pénalisation des client·es aux prestations dématérialisées (comprendre que si tu achètes un nude sur OnlyFan tu devrais être pénalisé·e) avec un objectif de législation proche de la Suède (qui a pourtant de grosses failles)

Dans les autres trucs abordés que j'ai retenu y a le fait que les assos d'aide à la sortie type le Nid ont une manière de fonctionner très discutable :
→ Aucune aide matérielle apportée lors des maraudes (faudrait pas leur fournir des capotes qui leur permettraient d'éviter les IST)
→ Les personnes en parcours de sortie ont interdiction de se prostituer sous peine de se voir supprimer les aides (j'ai pas cherché récemment mais y a pas si longtemps c'était 330€ + 100€ par enfant à charge, non cumulable avec d'autres aides - donc déjà le RSA est + avantageux alors que c'est déjà la catastrophe - et cette aide est conditionnée au fait de parler français + est retirée en cas de ""récidive"". Soyons clair, 330€ ça ne suffit pas pour vivre, le RSA ne suffit déjà pas pour vivre et c'est à cause de la faiblesse de cette aide que de nombreuses personnes se sont mises à la prostitution. Si c'était 330€ en sus, pour avoir un complément de revenus, pouvoir se permettre de refuser des passes, mettre de côté pour envisager de faire autre chose, ce serait cool. Mais c'est pas le cas.
→ Beaucoup de TDS développent des compétences via cette activité, qui ne sont strictement jamais valorisées lorsqu'ielles cherchent à se reconvertir. Les métiers alternatifs qu'on leur propose sont systématiquement des métiers dévalorisés, difficiles, dangereux, sous-payés. Quitter le tapin pour être femme de ménage ben... bof. Bosser des heures, en se pétant le dos et en respirant des produits toxiques, meh.

On en a parlé ailleurs et ça s'offusquait que "Je voudrais pas que mes enfants se prostituent", ben ouais ok, mais j'avoue que je préfèrerais aussi que mes enfants soient pas éboueurses, employé·e polyvant·e McDo, agent·e d'entretien. Des métiers de pauvres, de femmes, de racisé·es. Et c'est pas des métiers que je méprise fait par des personnes qui seraient "inférieures", c'est des métiers de merde qui devraient être mieux rémunéré·es, avec moins d'heures, avec une meilleure protection en cas d'accidents etc (et certainement pas des contrats encore + précaires, les aides ménagères c'est de + en + de la sous-traitance qui passe par des agences d'intérim, elles sont payées les heures faites sur place mais pas les trajets entre, sont souvent en temps partiel et ne sont pas payées quand elles sont malades etc :non:) Et d'ailleurs c'est fou, quand c'est bien payé, et bien considéré, les gens se battent pour le faire.
 


Sur le FN et sa proposition, les trucs dont ils parlent quand on les interroge sur le sujet :
→ Je me demandais pourquoi c'était le terme de "maison close" qui était ressorti alors que ce n'est pas nécessairement l'objet de cette proposition de loi mais c'est bien le porteur du texte lui-même qui l'a utilisé ici « Je vais proposer la réouverture des maisons closes, mais tenues par les prostituées elles-mêmes, en mode coopératif » et ça m'interroge ++ parce que ça évoque une époque lointaine et révolue, hors les maisons closes c'est l'époque des "filles à numéro" où l'on fichait les prostituées pour s'assurer qu'elles ne risquaient pas de contaminer les "pauvres" clients.
→ J'ai aussi vu passer un vieux mec de droite qui disait ici « Je suis pour. Avant, l’apprentissage de la sexualité se faisait dans les maisons closes et se faisait moins par internet » et vraiment ça me terrifie, remplacer l'EVARS par leurs maisons closes. Osecour.
On est vraiment dans un fantasme de la France à l'ancienne où papa emmenait son fiston aux putes pour qu'il devienne un homme et qu'on le dépucèle. Je.  :vomi: Donc comme je le craignais, le focus n'est pas fait sur le bien-être des TDS et l'avancée de leurs droits mais est 100% axé sur le confort des hommes avec des relents mascus que j'arrive pas à analyser parfaitement mais qui me débecte bien.
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