Un racisme non-systémique est-il possible ?

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Merlu
Localisation : Devant ton nez
Pronoms : il

Le concept de racisme anti-blanc étant le cheval de bataille de l'extrême-droite, je n'y avais jamais vraiment accordé le moindre crédit, d'autant moins que les sources antiracistes entendent démontrer par A+B qu'il n'existe pas, car ne s'accompagnant pas d'une exclusion sociale.

Mais deux éléments me font douter.

Sur le discord de Stream Her, une personne a dit avoir subi du racisme. Ladite personne étant blanche -donc pas exclue de la société à cause de son ethnie-, quelqu'un lui avait expliqué que pour cette même raison, ça ne pouvait pas s'appeler du racisme. Et là une autre personne (une modo du serveur) a expliqué que le critère obligatoire d'une exclusion systémique ne faisait pas l'unanimité et n'était défendu que par quelques universitaires et quelques groupes militants. Comme ce n'est pas le genre d'endroit où on délire sur le wokisme, j'hésite à balayer l'argument d'un revers de la main.

Autre élément: un article de Néon Mag, qui est aux antipodes de Valeurs Actuelles, qui dit notamment ceci:

Le 21 janvier [2015], la Cour d’appel de Paris a condamné un homme pour violences volontaires retenant la circonstance aggravante de racisme. La victime était blanche. « Ne pas en parler crée un sentiment de deux poids deux mesures, ça rend les gens plus radicaux », affirme le sociologue qui ne voit toutefois pas l’intérêt d’insister sur le terme « anti-Blanc ». « Le racisme anti-Français est curieux pour quelqu’un qui n’y a jamais été confronté auparavant, y compris les journalistes qui ne sont pas forcément en contact avec certaines banlieues. Le problème, comme toujours, est qu’on a du mal à sortir des origines des gens : il ne faut pas présupposer que des personnes qui ont des origines maghrébines, par exemple, ne sont pas en mesure d’être racistes. » Ça se complique : il est raciste de penser qu’on ne peut pas être raciste parce qu’on est dans le camp des victimes habituelles du racisme. Vous suivez ?

Autant j'admets facilement qu'être racisé n'empêche pas d'être raciste, autant qu'un sociologue et un journal pourtant pas du tout réac valident le concept de racisme anti-blanc me laisse perplexe.

Du coup, je suis un peu perdu.
Si ton tonton tond un chasseur sachant chasser sans son chien, les chaussettes de l'archiduchesse se dépetibotdebeurreriseront.
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Chocovore

La notion de racisme est elle même une construction sociale non ? Du coup c’est surtout un prémisse sur lequel il faut se mettre d'accord lorsqu’on en parle.

La définition de racisme du Larousse (ou celle dans la législation) et celle des militants antiracistes concerne deux ensembles qui ne sont pas équivalents. Est ce pour autant ça veut dire qu’il n'y en qu’un qui traduit une réalité et que l’autre voir les autres serait un mensonge ?

Pour moi il n’existe pas de contradiction à l’existence de ces définitions différentes sauf si on tient absolument (mais pourquoi ?) à ce que l’une ait le monopole du terme.
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Illusions
Mémétincelle
Mémétincelle

En France, il y a un paradoxe :
Les Français sont « plus tolérants », mais les actes racistes sont plus nombreux que jamais


Les enquêteurs calculent également un niveau de tolérance au regard de chaque minorité. Il en ressort que les Noirs et les Juifs sont les minorités les plus acceptées en France (avec un indice de tolérance de 80 et 79). Les Musulmans le sont beaucoup moins (62) ; et la minorité la moins bien tolérée est celle des Roms (indice de 52).
Reste que les résultats contiennent un certain nombre de contradictions internes. Si l’on peut se réjouir que 81,5 % des personnes interrogées se disent convaincues « qu’une lutte vigoureuse contre le racisme est nécessaire », il apparaît aussi que près de la moitié des sondés (45 %) pensent que « les Roms vivent essentiellement de vols et de trafics » et 37 % que « les Juifs ont un rapport particulier à l’argent » ! Il y a donc un bon nombre de personnes qui sont à la fois convaincues qu’il faut lutter contre le racisme, et qui ont elles-mêmes des préjugés racistes.

Pour revenir à une de tes questions @Merlu , j'ai été étonnée que des Noirs lors de l'apartheid en Afrique du Sud dénoncent des personnes de la même couleur de peau qu'eux. Ils le faisaient pour ne pas être arrêté, maltraité comme les autres... Comme des juifs ont du en dénoncer pendant la seconde guerre mondiale pour rester en vie...
Le racisme anti-blanc viendrait, selon moi, des peuples colonisés qui ont souffert. L'extrême droite joue peut être de ça pour avoir un maximum de voix : "il faut renvoyer les étrangers noirs et arabes chez eux puisqu'ils sont racistes envers nous et nous veulent tous du mal."
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yoruichi

perso, je pense que l'utilisation du mot "racisme" dépend du contexte. par exemple, de nombreux japonais du japon expriment (mais ne ressentent pas forcément) une sorte de sentiment d'infériorité face aux peuples caucasiens, mais il ne vaut mieux pas avoir un patronyme coréen ou chinois sur place. d'ailleurs, être blanc est un peu compliqué sur place. être noir aussi. donc une personne dite blanche est en fait racisée sur place, ce qui est logique. le japon est un des très rares pays non euro-descendant à avoir vaincu une puissance européenne, la russie, au début du 20e siècle. sans compter qu'il a eu sa période coloniale. mine de rien, ce furent des motifs de fierté.

par contre, pour une personne racisée "raciste", je préfère le terme xénophobe, mais la différence dans les faits et l'état d'esprit est très subtile. d'après les lectures que j'ai faites (me demandez pas le réfs, flemme de fouiller ma bibliothèque et mes anciens emprunts en biblio): c'est vraiment la question population à l'ethnie dominante = raciste, population à l'ethnie en minorité, même une grosse = xénophobie. en revanche, des turcs et des sénégalais peuvent faire preuve de racisme l'un envers l'autre s'ils vivent en suisse. en romandie, la migration ouest-africaine et antillaise est plus ancienne que la turque. donc des noirs (et pas les noirs) sont "plus intégrés", d'autant plus qu'ils ont l'avantage de parler entre autres francais. en suisse alémanique, c'est le contraire. il y a plus de turcs (qui du coup ne parlent pas forcément bien allemand) et les populations noires sont plus souvent est-africaine et là depuis moins longtemps. 

maintenant, ce qui est rigolo est quand un noir romand va en suisse allemande et se frite avec un turc en suisse depuis 2 ou 3 générations. qui est le plus légitime? qui a le plus de préjugé? pour les müller et les pache (patronymes typiques d'ici), il y a aussi ce préjugé raciste angélique que puisqu'ils ne sont pas acceptés par la population générale, ils devraient se tenir les coudes. ben en fait, c'est un peu comme les noirs et les irlandais au début du 20e siècle du sud étasuniens. les deux étaient tout en bas de l'échelle, les premiers étaient dit être des white n...rs, ils ne s'aimaient pas vraiment quand même)- et je retombe sur mes pieds tel un lordon (rien que ca) en goguette - deux ethnies différentes en afrique du sud. parce qu'il y en a un bon paquet, et la plupart sont noires. 

dans les antilles, d'après mon amie métisse qui y a vécu, il ne faut pas être mulâtresse (des chaudasses, vous dis-je (pas spécialement, en fait)). en haïti, c'est le brol. il faut être noir-noir, ou alors clair de peau, selon l'endroit ou on vit. authentique ou bourgeois. partout ailleurs, il ne faut pas être haïtien, genre en martinique ou en guadeloupe. on vote fn pour virer ces saletés d'haïtiens. vu d'un continent à majorité eurodescendante, ils sont tous noirs. dans les fait, c'est pas le même noir, ni la même identité collective. 

bref, je sais pas si j'ai été très claire. et pardon de ne pas avoir neutralisé mon langage.
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