@Gingerbraid @Compote
C'est une vraie question, le fait d'accepter que son enfant va souffrir. Plus ou moins souffrir selon la vie qu'il aura, mais il souffrira d'office. Et c'est limite un positionnement philosophique de savoir si on prend la responsabilité de faire vivre ça à quelqu'un.
J'en avais parlé à ma plus ancienne amie, qui a un positionnement opposé au mien. Pour elle, donner la vie, c'est donner la mort. Et le fait que la vie comporte nécessairement de la souffrance et des deuils suffisait à lui faire dire que jamais elle n'aurait d'enfant (elle en a eu un finalement mais c'est une histoire compliquée).
Alors que moi, clairement, j'aime la vie. Ou plutôt, je suis émerveillée par la Vie. Bien sûr qu'elle vient avec son lot de souffrance, j'en ai vécu mon compte (mais contrairement à mon amie, j'ai eu une enfance relativement épargnée de gros malheurs). Mais en soi, la vie me semble stupéfiante.
C'est la seule aventure à vivre et je n'arrive pas à ne pas le voir comme un cadeau. Je suis malade d'imaginer que l'Univers continuera sans moi tellement je voudrais continuer à découvrir ce qui va arriver
Je ne peux pas savoir si mon fils verra les choses comme moi une fois à l'âge adulte. Mais comme beaucoup de choses dans la parentalité, c'est un leap of faith.
Et mon amie et moi étions d'accord pour dire que aucune de nos deux positions n'étaient vraies. Elle pensait que donner la vie c'était donner la mort mais elle ne pensait pas que j'avais tort ou que j'étais égoïste de vouloir mettre au monde un enfant. Ce sont des ressentis trop intimes que pour les juger
Quant à savoir si mon enfant vivra un drame spécifique... ça m'empêche de dormir parfois. La parentalité a beaucoup renforcé mon côté anxieux.
Mais j'essaie aussi de me rappeler que sa vie ne m'appartient pas, que je ne peux pas la controler et que tout ce que je peux faire, c'est être là pour lui quoiqu'il arrive.
Les bras ouverts : pour qu'il s'y réfugie s'il en a besoin, mais aussi ouvert pour le laisser partir si il veut s'envoler