Faire la paix avec les bestioles

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Gingerbraid

C'est très intéressant vos réflexions sur "l'utilité" des bestioles ! C'est vrai que, en général, celles que je tolère chez moi ou remplissent un rôle, ou je les trouve mignonnes, marrantes, inoffensives (comme les scorpions qui ne m'ont jamais posé souci). 
Comme certaines d'entre vous l'ont déjà souligné, là où je trace un trait c'est en ce qui concerne une possible invasion. Je pense que c'est une réaction très traditionnelle, liée à la peur de la dégradation, la saleté (manque d'hygiène, maladie...),les atteintes portées au logement, à la nourriture... Ça me fait penser par exemple à la hantise que les gens pouvaient avoir, notamment avant l'invention des répulsifs chimiques, contre les invasions de sauterelles, rongeurs, etc. 
Par exemple, il y a des lézards dans ma courette, et des rongeurs viennent régulièrement y faire un tour. En ce qui concerne les rongeurs, ça ne me dérange pas, tant qu'ils ne décident pas de s'installer chez moi. Lorsque je me suis retrouvée envahie par des souris, il y a quelques années, je me souviens avoir lu un article très intéressant sur les réactions "éthiques" qu'on pouvait avoir face à une telle situation. L'article concluait que paradoxalement, il valait mieux s'en débarrasser rapidement si invasion avérée, ou sinon on courait le risque de se retrouver avec encore plus d'animaux, et donc de devoir en tuer davantage. Dans mon cas, le plus efficace avait cependant été de boucher les moindres interstices de passage (très long à faire mais radical !). 
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Fauvette à lunettes
Bébétincelle
Bébétincelle

@Gingerbraid J'ai lu "il y a des lézards dans ma couette" et je te trouvais très chill vis-à-vis de cette situation :lunette:

Blague à part, les conclusions de l'article que tu mentionnes sont intéressantes d'un point de vue éthique ; j'ai déjà eu une invasion de souris chez moi et je m'en étais débarrassée avec des pièges non létaux (elles étaient tellement relax qu'il suffisait de mettre un paquet de gâteaux ouvert avec des miettes au fond et elles rentraient dedans même quand j'étais dans la pièce :facepalm: ) et en les relâchant dehors :ninja: mais je sais que ce n'est pas forcément possible dans toutes les configurations (mes parents ont eu des rats à la cave et dans le jardin, du coup les relâcher dehors n'aurait fait que les remettre de là où ils venaient sans les empêcher de revenir).
Plus récemment, ma grand-mère a vu sa cuisine squattée par une souris adorable (on l'a filmée avec une caméra infra-rouge pour en avoir le cœur net), mais elle a fini par l'avoir avec une tapette car cela posait des soucis d'hygiène et elle craignait qu'elle finisse par avoir une portée :erf:
Merci de ne pas citer mes spoilers ! ;)
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Gingerbraid

@Fauvette ah oui, là on serait beaucoup moins potes :yawn: 

Et oui tout à fait d'accord avec toi, ça dépend vraiment des risques et proportions de l'invasion. 
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Myrmeleo
Pronoms : Il/Iel + mascu

@Fauvette Je n'avais pas pensé à un remplacement d'un mâle par une femelle, il me semble que ce sont plutôt les mâles qui font le déplacement et donc que la femelle reste plus ou moins à sa place non ?

Je me dis que ça peut être une affaire de probabilités. Les mêmes espaces plaisent à la plupart des araignées et elles se déplacent régulièrement. Donc si une petite quitte les lieux, il y a automatiquement une chance qu'une plus grande apparaisse. Ce qui doit être un évènement dont on se souvient mieux que les autres parce qu'il est le plus surprenant et/ou désagréable (que petite remplacée par une petite par exemple).

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Je dirais qu'il y a une différence entre ne pas détruire par défaut et laisser tout entrer. Par exemple les mites alimentaires, selon moi il serait plus sympathique d'éviter de les tuer quand on en a, mais ça ne me semble pas souhaitable de ne pas protéger les aliments (en se disant qu'on accueille les mites). Ce ne serait plus du partage à mon sens mais du sacrifice.

C'est vrai entre les animaux aussi je trouve. Ca m'arrive d'éliminer une araignée parce qu'il y en a plusieurs dans un espace restreint et que je sais bien qu'aucune ne va réussir à manger suffisamment ainsi. Idéalement j'aimerais les relâcher, mais je n'arrive pas encore à les prendre à la main et elles peuvent être difficiles à capturer. Si c'est pour leur casser trois pattes au passage, ça ne me semble pas si pire de tuer d'un coup.

Ce n'est pas parfait mais je me dis que pour le moment au moins ça sauve un individu plutôt que de condamner les deux ou trois de la zone.

Je me demande si on ne pourrait pas limiter les intrusions des animaux plus gros comme les rats en leur fournissant des abris extérieurs comme on le fait maintenant avec les hérissons. Après tout ils viennent aussi parce que l'environnement est sur-occupé par les humains et leur fournit très peu d'espaces de vie. Bien sûr on ne pourrait jamais avoir assez d'abris et on ne peut pas dénaturer à tout va, mais utilisés intelligemment cela pourrait peut-être rendre service à tout le monde (à nous, aux rats et aux prédateurs des environs). :hesite:

Edition : Il y a peut-être une logique de "non-gaspillage" qui est importante ? Une souris par exemple, de toute façon par nature c'est un animal fait pour ne pas vivre longtemps, dans un champ elles ne sont pas tellement plus épargnées que si nous on les tue dans une maison. La différence me semble être que généralement quand nous on tue, ça ne s'intègre dans rien dans l'écosystème. Le plus important dans le cas d'une espèce invasive n'est peut-être pas de la préserver absolument mais de faire en sorte de s'y prendre le moins cruellement possible et de redonner du sens à la mort ou à la capture des individus (en ne les faisant pas terminer par la case poubelle/toilettes ou lâcher au pif).
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Fauvette à lunettes
Bébétincelle
Bébétincelle

@Myrmeleo Pour les araignées, c'est vrai que les mâles sont souvent assez vagabonds et se déplacent pour trouver les femelles (chez les orbitèles (groupe des araignées à toiles géométriques) en tout cas).

En ce qui concerne ta réflexion, je suis assez d'accord sur le fait que tous les animaux devraient avoir le droit de vivre, quel que soit le rapport de peur, "nuisibilité", superstition, etc. qu'on (= l'espèce humaine) peut avoir avec eux. En pratique, je pense qu'il faut tout de même prendre en compte les considérations sanitaires et aussi la biologie des différentes espèces : un hérisson qui gambade au jardin présente peu de risques (même si ce sont littéralement des sacs à puces et à tiques), n'a qu'une seule portée par an, est solitaire par nature... alors qu'un rat, même avec un abri rien qu'à lui à disposition, reste un animal social à la reproduction exponentielle, très habitué et adapté aux activités humaines, et vecteur (malgré lui) de maladies via les parasites qu'il abrite. Il me semble donc très difficile, d'autant plus en l'absence (ou en tout cas raréfaction intense) de ses prédateurs naturels (renards, chouettes et hiboux...) de les laisser "proliférer" de la sorte dans les milieux fortement anthropisés en tout cas :erf:
(Mais encore une fois je suis d'accord avec toi que c'est justement à cause des activités humaines, de la sur-urbanisation et de la destruction de leur habitat naturel que ces espèces se retrouvent classées comme "nuisances" alors qu'elles ne font qu'exister là où elles ont toujours vécu (dans le cas des espèces natives/endémiques), ou là où elles ont été introduites sans avoir rien demandé à personne... c'est la même chose avec les besoins de "régulation" des populations de chevreuils et de sangliers : je ne nie pas les dégâts qu'ils peuvent faire dans les cultures, ni l'excédent d'effectifs qu'il peut y avoir (hors élevage et relâchers dans la nature :lunette: ), mais dans leur milieu naturel avec prédateurs, ces cas de surpopulations se régleraient tout seuls)
Merci de ne pas citer mes spoilers ! ;)
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Léti

@Fauvette  : merci de ta réponse ! Du coup, j'ai vérifié avec un moteur de recherche, et c'était sans doute bien un orvet que j'ai vu..Et même si j'ai bien compris que ce n'était techniquement pas un serpent, je trouve que cela y ressemble quand même pas mal ;) Après, sur ma difficulté  le toucher, je reconnais complètement que ce n'est pas rationnel. D'ailleurs, je l'aurais sans doute fait si j'y avais été obligée d'une manière ou d'une autre.
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Myrmeleo
Pronoms : Il/Iel + mascu

@Fauvette J'ai manqué de clarté je pense, je suis d'accord avec toi. Dans ma tête l'idée n'est pas de faire se reproduire les souris et rats tranquillement mais de les inciter à exister à des endroits où ils vont rencontrer des prédateurs plutôt que des humains.

Si investir les habitations humaines est très souvent le seul choix intéressant pour ces animaux, il me semble logique qu'ils y aillent même si on les tue. Et ce n'est pas intéressant non plus au niveau écosystémique puisqu'ainsi ils sont excessivement à l'abri des prédateurs. S'il y avait des alternatives faciles pour eux dans des milieux tels que les prairies, cela pourrait peut-être favoriser une régulation naturelle, il y aurait des proies plus disponibles pour les prédateurs qui augmenteraient donc en nombre.

Après ce n'est qu'une réflexion ouverte bien sûr.

Pour moi l'intérêt de cette exploration il est aussi beaucoup dans le travail psychologique de réfléchir en mettant de côté les habitudes. Le cerveau aime tellement nous dire qu'on a bien raison de faire ce qu'on fait déjà, je trouve intéressant de questionner des choses qui avaient l'air évidentes et qui sont surtout issues d'automatismes qu'on a laissé là.
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JaneDoe

Merci @Myrmeleo , cette conversation est très intéressante !
J'ai jamais eu trop peur des bestioles, mais ces dernières années avec mon conjoint, on a quand même pas mal changé de pratiques pour tenir compte du respect des especes qu'on prêche (végétarisme) et qui ne devrait pas s'arrêter aux mammifères. Ah bah oui c'est facile de s'attendrir en regardant un chaton, ou un petit veau, mais un bébé araignée, y a plus personne !

1/ les moustiques : notre quartier en est plein, et jusqu'au mois de novembre. Avant, on mettait un anti-moustique sur les prises. Maintenant, on a équipé nos lits de moustiquaires : c'est bien mieux, on peut dormir les fenêtres ouvertes, on respire pas des cochonneries.

2/ on a renoncé à chasser les limaces au potager parce qu'on y gaspillait une energie dingue et que ça ne fonctionnait pas. Donc on sacrifie une aprtie de notre recolte .... d'année en année on essaye d'enrichir notre carré potager en matière organique, car je pense qu'il ne l'est pas assez et que c'est pour ca que les limaces se ruent sur nos cultures, j'espère que ca va finir par payer ! En attendant, on a un hérisson qui passe nous voir une ou deux fois par semaine (on le voit sur nos cameras)

3/ l'année dernière en récoltant nos patates, on s'est rendus compte qu'a chaque fois qu'on deterrait une patate, on deterrait aussi une abeille... des abeilles solitaires (qui creusent leur nid dans le sol) avaient colonisé toute cette partie du jardin. Donc on a décidé de laisser nos patates en terre pour pas déranger les abeilles, parce que les abeilles sauvages sont en danger. Du coup, on a laissé tout ce coin du jardin complètement en friche depuis l'année dernière ! Ça fait un peu maison abandonnée, mais quel plaisir d'entendre "bzzzzz" au printemps quand on tend l'oreille ! Quel plaisir de voir les oiseaux se retrouver sur l'arbre et contempler leur garde-manger !
A noter : avant, il y avait de la pelouse sur cette partie du jardin. Pelouse, tondeuse, désherbage... la terre était dure comme de la pierre et il y avait de la mousse qui poussait. Aujourd'hui, la terre est redevenue très meuble et pleine de vie (fourmis, lombrics, punaises, gendarmes, araignées et bien sur abeilles)

4/ pour les mites alimentaires, je suis comme vous sur une politique de prevention. J'achete l'epicerie sèche en gros volumes et je stocke dans des grandes boites en plastique hermétiques. J'ai eu des mites dans un paquet de farine l'année derniere : grace aux boites elles n'ont pas colonise d'autre paquets. J'ai bien lavé la boîte. Quant au paquet de farine concerné, j'ai tout passé au tamis et j'ai mis les mites et leurs cocons au compost et la farine tamisée au congélateur pour une semaine.

Les bestioles que j'aime pas trop c'est les mouches charbonnières qu'on trouve près de chez ma mère (zone agricole), mais bon c'est pas trop dur de les empêcher de rentrer dans la maison. Mais bon, elles piquent !

Grosse difficulté aussi avec les cafards. Je sais que c'est pas sale, que ca transmet pas de maladies, mais quand même j'ai du mal.
Dans notre jardin on a aussi des petits cafards des jardins, ceux-là ne me dérangent pas, par contre, mon conjoint en a une sainte horreur.
Autre bebette que je ne porte pas dans mon coeur : les tiques. On aime faire de la rando, alors on se couvre bien, on vérifie régulièrement en cours de route, et on dégaine la pince à tique quand il faut, et désolée mais je les tue !

J'en profite pour partager une video de Damien Dekarz sur le frelon asiatique : https://youtu.be/xTcCe2kwBV8

Et toutes ses videos sont super, sa manière de cultiver son potager témoigne justement d'une volonté de cultiver avec le vivant et non pas contre le vivant. Les "invasions" sont le résultat d'un déséquilibre et la réponse pour rétablie l'équilibre ce n'est pas "moins de vivant", avec l'utilisation de trucs en -icide, mais au contraire plus de vivant.
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Compote

AH je me disais bien que ce topic existait ! J'ai observé un phénomène tout-à-fait étonnant impliquant des insectes, et j'aimerais en savoir plus, @Fauvette permets-tu que je t'interroge par message privatif ? :lunette: (ce sera pas long)
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Fauvette à lunettes
Bébétincelle
Bébétincelle

@Compote Oui pas de souci ! :bouquet:
Merci de ne pas citer mes spoilers ! ;)
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Octavienne

Je viens de lire une BD qui rentre bien dans le thème : L'oasis de Simon Hureau. Il y raconte son installation dans une maison avec jardin et comment il cherche à préserver toutes les formes de vie qui s'y développent. C'est assez marrant, plusieurs fois il annonce en grande pompe la découverte d'un nouvel animal, à croire qu'il a trouvé un panda roux dans son pommier, et en fait c'est un obscur hanneton ou scarabée qui le met en joie. Ça parle d'oiseaux, de limaces, de reptiles et beaucoup d'insectes, tous super bien dessinés. L'idée d'équilibre est bien mise en avant, par exemple c'est dommage d'écraser un escargot, mais en même temps ça fera le bonheur de ses poules. Tout ça en relation avec le choix d'espèces végétales nourrissantes, le fait de laisser des tas de bois ou de pierres dans les coins pour servir d'habitat...
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