Super, le sujet commence à fonctionner !
Merci !
Plusieurs réponses me donnent envie de proposer une réflexion à propos de l'utilité. Souvent quand on parle des bestioles dans les maisons, il vient l'idée que les araignées devraient être épargnées car elles sont utiles, elles mangent des animaux qui nous dérangent. C'est aussi une réflexion ordinaire à propos du jardinage.
Pour moi il y a quelque chose d'assez psychologiquement humain et capitaliste derrière. On grandit dans une societé qui nous apprend à considérer les individus selon leur utilité et nombre d'entre nous peinent à se considérer comme dignes d'affection ou d'attention lorsque nous n'atteignons pas un certain seuil d'utilité ou de performance.
Mais une araignée, comme tout individu, gagne sa légitimité à exister à sa naissance et ne devrait pas pouvoir la perdre pour la seule raison qu'elle ne nous rend pas service. Pour moi vivre avec les petits animaux de la maison, ce n'est pas apprendre à voir de l'utilité chez eux mais à me décentrer de moi humain et à accepter qu'ils mènent leur propre existence. Un insecte qui entre, c'est un animal qui a été intéressé par de la lumière, une odeur et/ou un courant d'air
avant d'être éventuellement un insecte qui m'évoque de la crainte ou du dégoût. Il existe par et pour ses propres raisons avant d'exister dans ma tête.
Je trouve que finalement ce raisonnement me rend service à moi aussi, parce que quand on est en train de regarder un individu par rapport à ses propres besoins et motivations, eh bien on a moins d'attention disponible pour du stress. (C'est aussi vrai pour les humains soit dit en passant, se focaliser sur qui est notre interlocuteur-ice, ce qu'iel pense, ce qu'iel dit vraiment, ça aide à sortir de l'anxieté qu'on peut vivre en soi-même.)
Cela peut aussi modifier la réponse que l'on fait à une situation. Je me suis dit par exemple que le jour où je pourrais avoir un jardin, je réserverai certaines plantes aux animaux. Je pense aux piérides par exemple, ces papillons blancs qui pondent sur les choux et autres crucifères. Ils en ont besoin pour vivre, je pourrais leur laisser certains plants et sécuriser les autres. Ils vont pondre de toute façon, au lieu de lutter contre eux je peux partager. Et en cascade, des choux pour les piérides, c'est des proies en plus pour des animaux qui seront aussi intéressés par d'autres mangeurs de légumes. Pour d'autres espèces, il y a peut-être aussi la possibilité de planter quelque chose qui leur plait particulièrement pour qu'elles choisissent d'aller vers elles plutôt que sur les plantes qu'on veut garder ? Enfin voilà globalement pour moi y a une logique de prise en compte de c'est comment pour les animaux ce jardin, comment je peux vivre avec eux et non contre eux ?
@Fauvette Cool, tu peux me corriger si jamais je dis une nouillerie sur les bêbêtes !
Les lépismes mangent la poussière ? Faudra que je regarde ça ça m'intéresse, je me demandais pourquoi ils allaient à des endroits qui ne me semblaient pas intéressants pour trouver des proies mais ça serait très cohérent si c'est la poussière qui leur plait.
Les scorpions je me suis dit qu'en effet si je sais qu'il y en a je pourrais regarder où je mets les pieds. Cela ne me rassure pas totalement parce que mon studio est petit, que je marche souvent pieds nus et que je n'aimerais pas trop le croiser sur un mur près moi au réveil mais bon je sais bien que les animaux ne font pas n'importe quoi et donc qu'il ne va pas aller me chatouiller les pieds. De toute façon un adulte scorpion n'aurait pas grand chose à manger chez moi, je pense qu'il ferait le tour des coins où sont les pholques avant de repartir.
Les taons je ne verrais pas comment cohabiter avec pour le moment étant donné qu'ils ont un intérêt concret à attaquer. (Pour les personnes qui ne le sauraient pas, ces animaux arrachent un peu de peau pour avoir accès au sang dont ils se nourrissent. C'est pourquoi leur morsure est douloureuse et que ne pas les déranger ne les démotive pas, car ils ne "pîquent" pas pour se défendre comme une guêpe mais pour manger.)
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Niveau araignées, on pense souvent aux pholques (les grandes fines) mais ce sont des colocataires parmi les plus sympas, avec les saltiques (les toutes petites qui sautent). Ce fut déjà un autre palier psychologique à franchir pour moi de m'habituer aux sépiatodes. Ce sont des tisseuses plus petites que les pholques mais qui ont vraiment une tête typique d'araignée, avec l'abdomen dodu et noir (c'est l'araignée de Spiderman). Elles sont aussi plus mobiles que les pholques, j'ai encore un petit instant de recul quand y en a une adulte qui n'est pas loin de moi, je sais qu'au moindre mouvement en trop elle va se sauver. (Pour info, elles chassent notamment les animaux robustes comme les cloportes ou les poissons d'argent.)
Je trouve que c'est un autre challenge de bien vivre les araignées qui ne tissent pas ou peu, surtout les volumineuses. Avant elles me faisaient souvent peur parce qu'elles aiment se mettre derrière mes volets et donc quand je les rabattais je les trouvais régulièrement pas loin de ma main et ça me faisait sursauter. Mais après comme pour tout le reste il y a une question de perspective. Par exemple au début de mon emménagement je craignais les thomyses, ces grosses araignées pâles avec une allure de crabe. Mais sur les groupes d'entomologie j'ai pu découvrir comme elles faisaient des sujets de photographie élégants grâce à leur capacité à adapter leur couleur à celle de la plante sur laquelle elles se trouvent (elles font ça pour capturer les insectes venus se poser ou se nourrir). Elles ont aussi de subtils motifs en vague sur elles. Apprendre à voir leur beauté m'aide à en avoir une perception plus positive
Ceci dit, je pense que ce n'est pas demain non plus que je ferai un selfie avec une araignée de bonne taille chez moi. Je crois que le scorpion m'inquièterait moins. Ce qui est illogique parce que c'est à peu près le même volume et le même comportement, avec une paire de cisailles et un aiguillon en supplément. Je pense que c'est parce que culturellement et psychologiquement l'araignée me renvoie à plus de choses que le scorpion. Pour l'instant, je serais reconnaissant de ne croiser ni l'un ni l'autre chez moi.