@Epineuse
Je suis désolée de lire cela. N'hésite pas à te faire l'avocate de ta santé et à réclamer plus de suivi, ou à prendre un autre avis en prenant rdv chez quelqu'un d'autre. C'est difficile à faire, surtout quand on a un temperament de "bonne élève" face aux médecins comme c'est mon cas, mais c'est parfois nécessaire pour au moins obtenir des explications claires (j'avais fini par demander à mon conjoint de m'accompagner, et c'est comme ça que j'ai obtenu l'opération, ce qui est désolant mais bon) De même j'avais dû aller voir trois personnes différentes pour qu'on me prescrive une prise de sang pour vérifier où en était mon taux de bêta hcg, pour mon gynéco c'était inutile car l'échographie tous les 15 jours/3 semaines était plus "précise" et je pense que medicalement il avait raison

Mais moi j'avais tellement l'impression de stagner que j'avais BESOIN de voir un chiffre qui baisse de semaine en semaine !!! Et je trouve ça dingue que le corps médical soit parfois incapable de sortir des protocoles établis pour prendre en compte une situation particulière (comme dans le cas de
@Orisopi , pourquoi ne pas te proposer directement l'aspiration étant donné ton historique? C'est vraiment injuste et infantilisant)
Parfois certains médecins, surtout ceux qui ont l'habitude de suivre des fausses couches, ne mesurent pas bien l'impact psychologique et physique d'une telle épreuve quand elle s'éternise. Je me souviens de craquer devant mon gynéco au bout de TROIS MOIS de saignements QUOTIDIENS. Il avait l'air sincèrement désolé et étonné et m'a dit "Mais je vous ai expliqué à plusieurs reprises que ces saignements n'étaient pas hémorragiques et donc sans aucun danger pour votre santé". C'est vrai qu'il me l'avait bien expliqué, et j'étais rassurée d'avoir cette info, mais bon ça restait pénible et pesant ! Au delà du fait que chaque jour le fond de ma culotte me ramenait à la fausse couche, juste avoir ses règles de façon ininterrompue pendant trois mois, avec crampes, serviettes à changer, irritation permanente et impossibilité de se baigner puisque mon col n'était pas refermé, bah c'est chiant.
Concernant ton ambivalence vis-à-vis de l'envie de reprendre les essais, je compatis vraiment. Au début je comptais chaque semaine comme une semaine de "perdue", je n'ai jamais ressentie autant mon horloge biologique je crois ! Bizarrement ce qui m'avait apaisé c'est que dans mon cas je n'ovulais plus (puisque mon corps pensait encore que j'étais enceinte) donc je me rassurais en me disant que je ne "perdais" pas d'occasion, ce qui est un peu absurde mais bon

on n'est plus à une contradiction près dans ces moments là. Finalement une fois la fausse couche enfin terminée on a mis en pause les essais pendant 3-4 mois, je ressentais vraiment le besoin de me concentrer sur autre chose, de retrouver mon corps et aussi l'intimité avec mon conjoint en la déconnectant de tout désir de procréation. Honnêtement ça m'a fait beaucoup de bien et ça m'a permis de reprendre des forces! Et de mieux faire face ensuite aux angoisses que la reprise des essais a déclenché. J'ai beaucoup puisé dans le souvenir de ces mois d'insouciance pour me rappeler que j'étais capable d'être heureuse sans être enceinte ni mère. Mais il y a des femmes qui ont besoin de reprendre les essais tout de suite et c'est ok aussi, en plus les données médicales récentes sont rassurantes sur ce point.
Un dernier truc qui m'a aidé quand l'épreuve se prolongeait, c'est de faire un bilan sanguin et de combler les carences provoquées par cette longue période de saignements : reprendre de l'acide folique ça me renvoyait trop à la grossesse mais par contre prendre du fer, du magnésium... ça m'aidait à la fois physiquement à reprendre des forces et psychologiquement j'avais l'impression de faire quelque chose pour mon corps (on se sent tellement impuissant dans ces périodes d'attente !)
Je t'envoie plein de courage en tout cas. N'hésite pas à exprimer ta colère et ta tristesse, qui sont pleinement légitimes. Pour ma part j'etais étonnée de la patience dont ont fait preuve mes proches vis-à-vis de mes jérémiades

Les gens ont souvent peur de demander des nouvelles et de "rouvrir" la blessure, mais quand tu leur en parles ils sont tout prêts à écouter et à compatir, et tu découvriras peut être que beaucoup de femmes ont eu des parcours similaires. Ou, si tu peines à trouver des oreilles attentives irl, sois assurée qu'ici tu seras certainement lue et soutenue !